Simple sujet de conversation il y a trente-cinq ans, projet à l’étude il y a plus de quinze ans, réalité depuis déjà 1989 : les arquebusiers ont de la suite dans les idées. Le souhait initial de voir édifier une statue de saint Martin avait été abandonné au profit de deux projets très différents, conçus l’un par l’architecte Georges Maes et l’autre par notre officier porte-drapeau Pierrot Lensen : nous entrions dans une phase concrète, et ce dessein, malgré les années, n’allait plus quitter quelques-uns d’entre nous : voir ériger à Visé un monument en l’honneur de tous les arquebusiers qui nous ont précédés.

Monsieur Georges Maes avait imaginé un monument assez simple bien qu’impressionnant : un mur droit accolé à une maçonnerie en demi-cercle et une perche de tir portant haut notre « papegaie » à l’avant-plan.

L’ouvrage rappelait murailles et tours défendues par nos ancêtres, la perche évoquait nos exercices de tir. Pierrot Lensen avait projeté un arquebusier armé. Bien des aspects du problème avaient été analysés, des maquettes réalisées… mais le bon sens imposa un ralentissement des efforts, il ne fallait pas hypothéquer la réussite de notre 400ème anniversaire. D’autres grands projets étaient en cours, il fallait choisir. Mais en plus d’un germe opiniâtre, la confrontation des concepts allait amener la réalisation d’un bronze, qui, sur la façade de la Renaissance, rappellerait le jubilé de 1979.

Quelques années plus tard, le projet, jamais réellement abandonné, revenait au premier plan de l’actualité…

Choix du modèle

Nous savons très peu de choses en ce qui concerne la tenue des anciens arquebusiers de Visé à l’époque de la fondation de la compagnie. Les statuts accordés par le prince-évêque Gérard de Groesbeeck ne nous éclairent que sur l’obligation de détenir arquebuse, balles et poudre et sur le port de l’épée. Si des indications convergentes plaident pour l’usage d’une cocarde aux armes de la gilde, nulle indication ne nous est parvenue sur l’existence d’un uniforme éventuel. Mais on peut tenir pour vraisemblable l’usage de la tenue civile agrémentée d’effets militaires lorsque l’occasion se présentait. Officiers et sous-officiers se distinguaient par un équipement plus complet, inspiré des uniformes que portaient les gardes du prince-évêque ou les régiments wallons dont la réputation était déjà bien établie au début du XVIIème siècle. Les recherches ont donc porté dans ce sens et tous ces éléments rassemblés ont contribué à idéaliser notre perception de l’arquebusier visétois des XVIè et XVIIè siècles que nous avons voulu représenter, fier, veillant sur sa bonne ville de Visé.

Choix de l’implantation

Avant de prendre la décision de réaliser la statue, il fallait disposer d’un emplacement propre à mettre l’œuvre d’art parfaitement en valeur. Le choix de l’implantation était important et le comité-directeur avait envisagé toutes les solutions possibles. Jardins publics, places, boulevards : tous les endroits dégagés ont été recensés. Il ne fallait pas se retrouver trop à l’écart. Ne pas être envahi par les voitures. La statue devait par contre s’élever le long du parcours des cortèges, avoir un arrière-fond agréable, arboré si possible. Deux emplacements, bientôt un seul, réunissaient ces conditions. Le collège échevinal a accordé le permis de bâtir souhaité : restait à choisir le sculpteur susceptible de répondre au mieux à notre attente.

Choix du sculpteur

Un sculpteur est, par essence, un artiste. Son oeuvre peut « souffrir » de la critique, de l’évolution des goûts, de son inspiration… Choisir un artiste, c’est choisir une sensibilité, choisir une affinité, une complicité probablement. Le choix du sculpteur fut on ne peut plus judicieux. L’artiste choisi fut Sjef DRUMMEN. Artiste de grande renommée en Hollande, Sjef Drummen a séduit les arquebusiers par son enthousiasme et son talent. Autodidacte, sculpteur mais également dessinateur et peintre de talent, il a essaimé son talent dans le Limbourg voisin. La statue des arquebusiers que Sjef Drummen a sculptée est certainement l’oeuvre la plus importante réalisée par le sculpteur. Celui-ci nous a malheureusement quitté en 1996.

La compagnie entourant le monument lors de son inauguration en juin 1989

Le comité rassemblé autour du monument peu après son inauguration en juin 1989