En 2009, Raphaël Lonneux était promu Rédacteur en Chef du Papegaie, le magazine des Anciens Arquebusiers de Visé. D’emblée, il s’investissait dans sa mission, laquelle, idéalement, imposait aussi de trouver des idées afin d’alimenter les caisses de cette section de la Compagnie. Pas le plus facile…
Raphaël et son épouse
Après une ou deux années passées à assumer cette fonction de Rédacteur en Chef, Raphaël eut l’idée de monter des séances de « cinéma » sur le Visé d’antan. « J’en avais un peu assez de vendre de stylos ou des autocollants, et je n’avais pas la faculté de mettre sur pied des expositions comme le faisait mon prédécesseur Eddy Bruyère, par ailleurs « papa » du Papegaie. Or, la réalisation d’une revue comme le Papegaie a un certain coût et il fallait impérativement trouver des idées pour alimenter notre trésorerie. D’où me vint celle de montrer des films. Je savais que je disposais personnellement de certaines choses intéressantes et certaines personnes m’avaient dit qu’elles en avaient aussi et que je pourrais en disposer. Par ailleurs, je me souvenais que la famille Galère disposait d’une belle série de vieux films qui n’avaient encore jamais été mise à disposition de notre gilde. Au final, il semblait bien y avoir là matière à une projection exceptionnelle. Restait à concrétiser… »
Convaincre
Depuis le début du siècle, les différentes générations de Pierre Galère (anciennement propriétaires de l’Hôtel Galère, où se situe aujourd’hui le restaurant « La Mamma »), avaient en effet filmé des haut-faits de l’histoire de notre cité. Le contact avec Pierre (10e du nom) était établi. « Je connaissais un peu Pierre puisqu’il marchait comme confère chez les Anciens Arquebusiers mais sans plus. Un jour, j’ai donc pris mon courage à deux mains et j’ai tenté ma chance en lui exposant mon projet. Il a directement adhéré tout en précisant clairement qu’il ne souhaitait pas de commercialisation de leurs images. Ce n’était pas non plus mon idée ou mon intension ; ce n’était donc pas un problème. » Mais l’idée de Raphaël allait bien plus loin encore. « Initialement, j’envisageais de projeter les films à partir de différentes machines d’époque : 35 mm, Super 8, VHS… Une idée complètement folle dont plusieurs personnes m’ont assez rapidement dissuadé, tant la chose paraissait complexe, voire impossible, notamment par rapport aux risques de se heurter à des soucis techniques, très fréquents avec ce genre d’appareils (casse des films). Sans compter qu’il fallait encore trouver des appareils fonctionnels, ce qui était loin d’être évident (il est devenu très difficile de trouver des ampoules). »
Digitalisation pour un anniversaire
Cette idée écartée, l’option de monter le tout en digital restait la plus plausible. Encore fallait-il trouver une manière sûre et efficace de digitaliser les vieilles bobines de la famille Galère ! « Bien légitimement, Pierre tenait avant tout à ce que la conversion des images se fasse sans endommager les bandes originales. Nous avons alors entamé un long travail en quête d’une société capable d’accomplir ce travail. Rapidement un autre problème s’est fait jour : l’opération serait onéreuse. Très onéreuse… »
Non seulement Raphaël ne se décourageait pas mais entretemps, les 40 ans du Papegaie se profilant à l’horizon, c’est cette échéance de février 2014 qui devint son objectif ; il ne fallait donc pas trainer. « Je peux dire que dès cet instant, la pression et le stress ont pris de l’ampleur ! Sur conseil d’Eddy Bruyère, j’ai pris contact avec Marc Lacroix, son beau-fils, dont le métier est… la vidéo. A son tour, il a adhéré sans hésiter à ce projet. Malheureusement, il ne disposait pas du matériel pour convertir les bobines les plus anciennes. Finalement, avec l’indispensable intervention financière de la Compagnie, c’est une société de Bruxelles qui réalisait le travail. Mais les mois avaient passés et février 2014 n’était plus qu’à… quelques semaines ! »
Sur 2014 et 2015, ce sont près d’un millier de personnes qui auront revécu l’histoire de Visé en vidéo.
Course contre la montre
C’est assez tard que le film et les bandes-son parvenaient finalement à Raphaël et Marc, qui entamaient alors une véritable course contre la montre. « Je ne saurais plus dire exactement quand nous avons commencé les montages mais ce dont je me souviens c’est que c’était tard ! Sans avoir réellement pu visionner les images, nous nous sommes lancés, avec de surcroît des bandes-son qui ne correspondaient pas toujours aux images. Après de longues heures, nous sommes parvenus a présenter une première mouture ». Après un début un peu chaotique (le DVD avait été terminé 1 heures avant la projection !), le week-end attirait près de 500 personnes. « Assurément, ce résultat dépassait toutes mes espérances. Je me souviens même que le premier soir, nous avions refusé du monde… Il est vrai que, de la même manière, je ne m’attendais pas à autant de films (et à un tel budget), à une telle richesse documentaire. »
Raphaël, Pierre, Eddy et Marc lors de la projection 2014
« Souvenirs de Visé » deuxième !
L’affiche 2015
Dans la foulée de ces projections couronnées de succès, les échos revenant vers Raphaël faisaient état de nombreux regrets et frustrations de personnes qui n’avaient pu y assister. Décision était dès lors arrêtée de remettre le couvert. Mais pas de la même manière… « Nous avions d’abord hésité, craignant de lasser. Finalement, je savais que nous avions encore reçu des films que nous n’avions même pas encore visionnés et que parmi eux certains présentaient un grand intérêt. Par ailleurs, j’espérais beaucoup de nouveaux films de personne qui m’en proposaient. Ce fut partiellement le cas. Nous sommes donc repartis de zéro pour recomposer un tout nouveau document, structuré, chronologique, plus complet et plus varié sur le thème « Souvenirs de Visé, de 1910 à nos jours ».
Raphaël et Marc remettaient dès lors l’ouvrage sur le métier, suffisamment tôt cette fois. Au bout de 6 mois de travail et une petite centaine d’heures passées à confectionner le montage vidéo, la nouvelle séance, très différente de celle de 2014, débutait ce vendredi 20 février 2015 pour quatre projections étalées sur 3 jours.
Et maintenant ?
Pour une série de raisons, les projections 2015 n’ont pas réellement rencontré le même succès qu’en 2014. Du moins quantitativement. « L’affluence a effectivement été moins importante cette année ; nous devons encore en analyser les causes mais nous avons des idées assez précises sur la question. En revanche, aucune critique ne m’est remontée. Aucune remarque négative. Tous ceux qui sont venus, parfois après avoir déjà participé à l’édition 2014, ont fait part de leur satisfaction de revoir ces vieilles images de Visé, ceci tant parmi les jeunes, que parmi les plus anciens. » De quoi encourager l’équipe du Papegaie de remettre cela, d’autant que ces projections ont généré de nombreux contacts et que la collection continue de s’étoffer. Toutefois, ce ne sera pas pour de suite… « Pas avant 3 à 5 ans, voire même 10… En fait, cela va dépendre des films qui rentreront en complément de ceux dont nous disposons déjà. Mais les idées ne manquent pas et nous avons déjà fixé les grandes lignes de ce qui sera fait dans le futur. Nous y travaillerons dès à présent afin d’encore compléter le montage et le peaufiner. »
Nous voilà prévenus ; rendez-vous est fixé ! Ce qui est sûr, c’est que la Compagnie Royale des Anciens Arquebusiers dispose là d’une collection exceptionnelle qu’elle entend bien développer.
Vidéothèque Pierre Galère |
L’ensemble des précieux documents cinématographiques ayant aimablement été cédés à la Compagnie Royale des Anciens Arquebusiers par la famille Galère lors de la soirée inaugurale de 2014, dans le cadre des 40 ans du Papegaie, la gilde a décidé de nommé sa nouvelle vidéothèque ainsi créée de ses donateurs : vidéothèque Pierre Galère.